Conférence de San Remo

conférence internationale pour l'administration des territoires anciennement ottomans au Moyen-Orient, en avril 1920

La conférence de San Remo est une conférence internationale qui a eu lieu du 19 au dans le château Devachan à Sanremo (selon la graphie actuelle), en Ligurie, sur la Riviera italienne, après la Première Guerre mondiale. Elle était constituée par le Conseil suprême de guerre, composé de représentants des Alliés — des Britanniques, Français, Italiens, Grecs, Japonais et Belges — et en continuation de la conférence de la paix de Paris.

Les délégués à la conférence.
Procès-verbal de la conférence de San Remo.

La résolution de San Remo, adoptée le , détermine l'attribution des mandats de classe « A » de la Société des Nations, pour l'administration de trois territoires anciennement ottomans au Moyen-Orient, alors indéfinis : « Palestine », « Syrie » et « Mésopotamie ».

Un des enjeux essentiels de cette conférence est aussi la répartition, entre les vainqueurs de la guerre mondiale, de l’exploitation des importantes ressources pétrolières (industrie énergétique alors naissante) de la région.

Attribution des mandats français et britanniques

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Le , le Comité supérieur plaça la Palestine et la Mésopotamie (l’équivalent de l’Irak du début du XXIe siècle) sous un mandat du gouvernement britannique. Les Français reçurent un mandat sur la Syrie et le Liban. Ces différents mandats (sur des territoires précédemment ottomans), décidés durant la conférence de San Remo, ne furent mis en application par la SDN que lors du traité de Sèvres, quatre mois plus tard en .

Règlement de la question du pétrole de Mossoul

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Origine du litige

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Originellement attribués à la France lors des accords secrets de 1916[1], les champs pétroliers du Nord de la Mésopotamie sont un sujet de dissension entre la France et son allié britannique. Initialement d’un point de vue stratégique, le Royaume-Uni préférait une Haute Mésopotamie administrée par la France pour ne pas avoir une zone d'influence jouxtant celle de la Russie (réminiscences du Grand Jeu), tactique devenue sans objet en 1919-1920, après le reflux de l'influence russe dans le Caucase à la suite de la guerre civile russe. De plus, une prise de conscience de l'importance croissante du pétrole dans la marine pousse les Britanniques à revenir sur leurs promesses.

Après la défaite ottomane (armistice de Moudros), l'essentiel du Levant est occupé par l'armée britannique (presqu’un million d'hommes sont présents dans l’ensemble des territoires arabes de l'Empire ottoman), ce qui rend difficile pour la France de réclamer sa part négociée pendant la guerre[2]. Après plusieurs tentatives de médiation, la France accepte le principe d'une gestion britannique de la riche région pétrolière de Kirkouk, sous réserve d'un intéressement de participation à hauteur de 25 % dans la Turkish Petroleum Company.

Texte de l'« Accord sur les pétroles »

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Le traité est signé à San Remo le , connu sous le nom d'« Accord sur les pétroles », règle une série de contentieux dans divers zones pétrolières. Il se compose de dix-huit articles et règle comme l'affirme l'article 2 les questions relatives à : « La Roumanie, L'Asie Mineure, les Anciens territoires de l'Empire russe, La Galicie, La Mésopotamie, les colonies françaises et les colonies de la couronne britannique »[3]. L'article 8 pose le principe d'une compagnie contrôlée par le Royaume-Uni, accordant à la France 25 % des ressources extraites au prix du marché, tandis que l'article 9 marque la possibilité pour le Royaume-Uni de construire un chemin de fer ainsi qu'un oléoduc pour acheminer le pétrole vers la Méditerranée et donc entrer dans la sphère d'influence française[4]. La France s'engage à ne pas prélever de droits de douane sur le futur pétrole acheminé. L'accord final est paraphé par Llyod Georges, John Cadman (en), Alexandre Millerand et Philippe Berthelot[5].

Notes et références

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  1. Picaudou 2017, p. 116.
  2. Picaudou 2017, p. 111.
  3. Antoine Hokayem et Marie-Claude Bittar, L'Empire Ottoman, les Arabes et les Grandes puissances, Beyrouth, Éditions Universitaires du Liban, , p. 312.
  4. Deux oléoducs (entre les champs de Kirkouk et la mer Méditerranée) seront construits dans les années 1930 sous l’égide de Jules Mény, directeur général de la Compagnie française des pétroles (société renommée « Total » au XXIe siècle). Voir les Annales des mines (article dans lequel est repris l’ouvrage Grands mineurs français de René Samuel-Lajeunesse, paru en 1948 chez Dunod) dont extrait : « Nous devions avoir ainsi " Mossoul sans le pétrole ". En fait, ce furent les troupes anglaises qui, dès le 3 novembre 1918, occupèrent Mossoul. […] Peu satisfait de cette perspective, Sir Henry Deterding, président de Royal Dutch, suggéra à Clemenceau de réclamer la part allemande pour compte français. Le pacte de San Remo accorda à la France 25 % de la production du pétrole mésopotamien. La France s'engageait à faciliter la construction de pipe-lines à travers la Syrie et le Liban [sous mandat français]. […] La France, au contraire, a un intérêt majeur à sortir au plus vite le pétrole de l'Irak. Le plus urgent est la construction de pipe-lines. Le trajet le plus court aboutit à Tripoli [au Liban], en territoire sous mandat français. Les Anglais préfèrent le terminus de Haïffa, en Palestine [sous mandat britannique]. En définitive, les deux pipes sont construits et, dès 1934, la France reçoit du pétrole de l'Irak. Celui-ci, en 1938, permet de couvrir 40 % de ses besoins. ».
  5. James Barr (trad. de l'anglais), Une ligne dans le sable. Le conflit qui façonna le Moyen-Orient, Paris, Éditions Perrin, , 509 p. (ISBN 978-2-262-06499-0), p. 181.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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